EL ASNAM - CULTURE ET HISTOIRE -

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Mon rêve par Mohamed Boudia

                       - Mon  Rêve –

 

                        Il était plus de vingt-et-une heure trente. J’étais en train de regarder un film d’aventure. Je m’assoupissais à chaque fois, la preuve que j’étais plus ou moins fatigué. J’essayais de tenir le coup pour pouvoir terminer le film et savoir le fin mot de l’histoire. Tout doucement et sans fanfare, le roi des songes m’enveloppa de sa cape bienfaitrice et combien salvatrice.

 

                        J’avais laissé la télé allumée et je suis parti vers les chemins non encore foulés et les lieux encore inconnus. De la vision sombre d’une nuit sans étoiles, je fus transposé dans une clairière très vaste, entourée de collines abruptes. Il y avait foule ce jour-là. Je me sentais autre. Je cherchais du travail et commençais mes investigations. J’avais faim et je voulais trouver du travail pour pouvoir assouvir la faim qui me tenaillait les tripes. Tout d’un coup, je me trouvais devant quelqu’un qui demandait un ouvrier. Il avait une camionnette remplie de madriers et de planches. Je m’avançais suivi d’un autre demandeur d’emploi peut-être. Je ne lui ai même pas parlé. J’ai commencé seulement à ranger les planches et les madriers dans la caisse de la camionnette. Le deuxième homme était en train de m’aider. Il y eut un troisième qui vint à la rescousse. Le chauffeur sortit alors de la cabine de la voiture et nous héla pour faire plus vite. Nous nous attelions à la tâche quand la voiture démarra en trombe. Le deuxième demandeur d’emploi était déjà sur les madriers. Il ne put que se retenir pour ne pas dégringoler de dessus le chargement de madriers. Moi, j’étais à l’arrière de la voiture et j’essayais de bien placer un madrier qui allait tomber. J’étais toujours sur le sol. Je m’agrippais d’une main à la voiture et essayais de monter sans succès. Je criais qu’il n’y avait pas de place à l’arrière et qu’à l’avant, il y en avait une. Mes pieds me faisaient mal  tant j’ai couru, agrippé, à la voiture qui continuait d’être lancée à toute vitesse. J’ai failli y passer. Le chauffeur m’entendit peut-être, alors la voiture stoppa net. Celui qui se trouvait à côté du chauffeur descendit et vint vers moi. J’étais affalé sur l’arrière de la voiture et je lui dis : Il y a une place à l’avant, pourquoi ne voulez-vous pas me laisser monter à côté de vous ? L’homme d’une corpulence hors de la normale me regarda d’un air qui en disait long et retourna sur ses pas en grognant : Tu n’es pas fait pour ce travail, descends et va-t-en. Je me laissais choir sur le sol et une larme coula sur ma joue. La poisse continuait à me poursuivre même dans mes rêves.

                        Au bout de quelques instants et ayant repris mon souffle, je me relevais et constatais que j’étais au milieu d’une foule, une marée humaine qui se dirigeait vers l’une des collines abruptes qui entouraient la clairière. Je suivis le mouvement de foule et me retrouvais devant la colline la plus abrupte parmi celles existantes en ces lieux inconnus pour moi. Tout le monde montait, bien droit et sans se tenir ou s’aider de ses mains. Au milieu de la colline se trouvait une fente d’un mètre et demi de large, peut-être moins, au fond de laquelle il y avait quelques plants sauvages. Les gens montaient tous du côté gauche. Me croyant plus malin, j’ai essayé de grimper sur le côté droit de la colline. Je n’ai pas pu. C’était trop glissant. Je me rabattais sur le centre de la fente et me disais que je pouvais facilement monter en m’agrippant sur les parois. J’ai constaté à mon corps défendant que ce fût une impossibilité totale du fait de l’écartement des deux parois. Je me résignais et dus me rendre à l’évidence en prenant le chemin emprunté par tout le monde.

                        J’avais des difficultés monstres pour pouvoir avancer sur la pente trop abrupte à mon avis. Mais je constatais que les gens avançaient sans se plier, ni  s’aider de leurs mains. Il y avait même des gosses qui me doublaient. Moi, je m’agrippais de toutes mes forces, mais je n’avançais point. Mes ongles commençaient à me faire terriblement mal. La pente était à plus de trente degrés. En m’agrippant, je me disais que c’était quasiment impossible de surmonter cet obstacle et pourtant, tout le monde la dépassait comme par enchantement, sauf moi.

                        Je redoublais d’effort et je continuais dans mon ascension sans regarder vers le fond. Je me disais que je risquais de tomber à la renverse si je risquais un œil pardessus mon épaule. Plus personne ne restait pour l’ascension. Tout le monde était parti. Je restais seul. Une peur incommensurable commençait à me tenailler par les entrailles. Je voulais faire vite et j’éprouvais des très grandes difficultés à avancer. Je suais sang et eau et je n’avançais que de quelques centimètres à chaque effort surhumain. La terre était molle et vous glissait entre les doigts. Il fallait plonger au plus profond mes doigts dans la terre. Après plusieurs heures, je pus atteindre le sommet de la colline. Juste ma tête dépassait. Je m’agrippais dans un dernier effort et voyais au loin, la foule qui s’estompait à l’horizon. Dans un dernier effort surhumain, j’essayais de me hisser afin de pouvoir les rejoindre. Je sentis une douleur atroce à l’intérieur de ma cage thoracique. Je me suis dis, ça y est ! C’est mon cœur, il va me lâcher.

                        Je me réveillais en sursaut et j’ai constaté que j’avais toujours ce mal dans ma poitrine.
                        C’est un rêve authentique, mais il a, certainement, un lien avec ma vie présente ou future, je n’en sais rien. Car en le transcrivant sur ces pages, je ressens toujours cette douleur au fin fonds de moi-même.

 

                                   Mohamed BOUDIA



08/04/2010
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