EL ASNAM - CULTURE ET HISTOIRE -

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ABDELKADEER BENDAMECHE

ABDELKADER BENDAMECHE

 

Auteur prolifique, Abdelkader Bendameche prépare actuellement une anthologie de 700 pages sur Sidi Benkhlouf. Cette anthologie sortira l’année prochaine, à l’occasion de la tenue du salon international du livre d’Alger. Il projette également d’éditer un livre consacré à Mohamed El Badji.

Abdelkader Bendamèche, président du Conseil national des arts et lettres

 

« Une rentrée sociale sous la bannière

de la prise en charge socio-sécuritaire de l'artiste »

 

Vous êtes commissaire général du festival national de la poésie melhoun dédié à Sidi Lakhdar Benkhlouf. Cette manifestation se veut-elle une tentative de déterrement de cette figure emblématique de ce genre de poésie ?

Sidi Lakhdar Benkhelouf, de son vrai nom, Lakhal Ben Abdellah Ben Khlouf est né à la fin du XVe siècle dans les campagnes du Dahra. Sa date de naissance et celle de son décès ne sont pas formellement connues, mais certains auteurs avancent les dates de 1479 et de 1585, ce qui fait qu'il aurait été centenaire. Il est devenu célèbre grâce à ses poésies sur le Prophète Mohamed (ce qui lui vaut le surnom de «louangeur du Prophète») et l'épopée qu'il consacre à la bataille de Mazagran du 26 août 1558 contre les Espagnols. La vie de Benkhelouf a connu un tournant lorsque, la cinquantaine passée, il a effectué un pèlerinage à Tlemcen, au sanctuaire de Sidi Boumédiene. Alors, il s'imprègne du mouvement spirituel soufi, se consacre au culte, à la dévotion, et surtout à sa nouvelle vocation, qui fera sa célébrité, de poète panégyriste du Prophète. C'est durant cette partie de sa vie, qu'il a écrit ses plus belles œuvres.
Miguel de Cervantes Saavedra (1547 – 1616) est un romancier, poète et dramaturge espagnol, célèbre pour son roman L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605.Miguel de Cervantès mène d'abord une vie aventureuse de soldat et participe à la bataille de Lépante en 1571, où il perd l'usage de la main gauche. Le 26 septembre 1575, à son retour vers l'Espagne, il est capturé par la marine algérienne.
En 1580, il est racheté en même temps que d'autres
prisonniers espagnols et regagne son pays. Sidi Lakhdar Benkhelouf et Cervantès auraient pu se rencontrer

 

Sidi Lakhdar Benkhelouf (16ème siècle)
Prince des poètes populaires
 

Originaire du Dahra, région de montagnes et de plaines, entre Cherchell et l'embouchure du Chélif, Lakehal Ben Abdellah Benkhlouf dit « Sidi Lakhdar », fut à la fois barde et mystique, moudjahid et homme de savoir, chroniqueur et saint, né à la fin du 8ème siècle de l'hégire, 15ème siècle de l'ère chrétienne.

Il s'est éteint à l'âge de 125 ans et demi au début du 17ème siècle, Fils de Koulla El Yacoubiya et de Abdellah Benkhlouf, il laissa une fille et quatre garçons : Hafsa, Ahmed, Mohamed, El Habib et Belkacem.

Une date importante va cependant marquer l'existence de l'auteur d'El ouafat, prince des poètes populaires, celle du 26 août 1558, 12 dhou el qaâda 965 de l'hégire, jour où il participa à la bataille de Mazagran contre les espagnols dirigés par le Comte d'Alcaudète, Gouverneur d'Oran, bataille au cours de laquelle, ce comte trouva la mort.

Parmi les captifs, figurait son fils Don Martin. L'armée algérienne est sortie victorieuse de cette grande bataille. Lakhdar Benkhlouf consignera tous les faits de cette glorieuse bataille dans la célèbre qacida intitulée « Qesset Mezeghrène ».

Le XVIème siècle a été marqué culturellement par l'émergence d'une forme de poésie populaire appelée « chiîr el melhoun » initiée et représentée justement par Sidi Lakhdar Benkhlouf. D'autres poètes dont Said Benabdallah El Mendaci, Abou Farés Abdelaziz El Maghraoui, Cadi de son état, et Abderrahmane El Mejdoub, poète moraliste qui l'ont enjolivé et enrichi plus tard.

Cette forme de poésie narrative, descriptive, comparative ou panégyrique s'inspire de la littérature arabe de la période anté – islamique avec dhou El Isba El Adouani rendu célèbre pour les incursions et les combats auxquels il prenait part.

L'analyse du texte de Benkhlouf laisse apparaître un niveau de spiritualité très important, il le doit surtout au premier grand voyage qu'il effectuera à Tlemcen en pèlerinage sur la tombe de Sidi Boumédiène El Ghouti, là, il s'imprégna du mouvement religieux et mystique existant à cette époque et obtient du qotb Sidi Boumédiéne , la Amana (agrément béni), qu'il avait tant attendue.

Plusieurs publications lui ont été consacrées dont celle de Mohamed Bekhoucha qui a réuni 31 poèmes publiés en recueil paru en 1958, celle de la française J.Scellés Millie intitulée « Contes Sahraouis du Sud », paru en 1963 ajoute aux deux tomes d'une publication réalisée en 2007 et 2009 par l'association Azur de Mostaganem.

La vie de Sidi Lakhdar Benkhlouf a été perturbée par les déplacements fréquents de sa famille et ses migrations dans les plateaux du Dahra, dus principalement au fait que cette région du pays a connu depuis l'avènement de la puissance ottomane, une situation conflictuelle très violente, opposant les tribus locales aux autorités de cette époque.

Grand poète populaire, Sidi Lakhdar Benkhlouf a été aussi l'historien du XVIème siècle et sociologue, il demeure jusqu'à nos jours ce Saint vénéré et visité quotidiennement par des populations venant de tout le territoire national.

Un festival, crée en mai 1982 en son hommage, est organisé annuellement autour de son mausolée situé sur les hauteurs de la ville (ex Lapasset) qui porte son nom aujourd'hui. Ce festival est institutionnalisé par le Ministère de la culture en novembre 2012 il est dénommé Festival Culturel National de la poésie mahoun dédié à Sidi Lakhdar Benkhelouf.

A côté de son mausolée, se dresse un palmier tout à fait insolite datant de son époque et qu'il cite dans sa célèbre poésie « El Ouafat » « Nakhla msséouessa talqah méne baâd el ibouss – hdéha ikoun qabri ya mouslimine... » c'est ce qu'il affirme en demandant à ce que sa tombe soit située à côté de ce palmier qui existe, à ce jour, et où ses descendants accueillent les visiteurs qui viennent s'y recueillir.

Son œuvre poétique constitue une source d'informations inépuisables sur cette grande période de l'histoire de notre pays, mais également un grand patrimoine qui fait jusqu'à nos jours le répertoire des maîtres du chant chaâbi, madih et bédoui tels que Mahieddine Bachetarzi, Maâlma Yamna, El Hadj M'hamed El Anka, Cheikh Hamada, Cheikh El Djillali Ain Tadélès, Hassen El Annabi, Mohamed Tahar El Fergani, El Hachemi Guerouabi, Boudjemaâ El Ankis, Amar Zahi, Maâzouz Bouadjadj, Dahmane Benachour, Rabah Deriassa, Kamel Bourdib, Amar Lachab, Maâmar Chadly et tant d'autres.

Il s'est éteint au début du XVIIème siècle, à l'âge de 125 ans et demi dont 85 ans consacrées entièrement à la dévotion et à la lutte pour porter tout haut le message divin ainsi que la Sunna du Prophète Mohamed (Que Le Salut Soit Sur Lui).     

 

  
Abdelkader Bendamèche

 



26/12/2013
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