EL ASNAM - CULTURE ET HISTOIRE -

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L'éducation en Algérie - La francophonie

                                         CAFE LITTERAIRE CHLEF

                                      Des conférences de qualité

 

Dans sa troisième édition des soirées littéraires ramadhanesques, le café littéraire de Chlef continue d’étonner plus d’un par la qualité des communications qui y sont faites par des professeurs et docteurs renom, tels Mohamed Boudia, écrivain, Guerine Abdelkader, poète et écrivain, Dr Medjdoub Ali, poète et écrivain de même que par les Dr Aït Djida Mohamed Amokrane, Mohamed Kassoul et bien d’autres comme nos poètes de Melhoun tels Mokhtari Mansour et consorts.

Ce Samedi 4 Août 2012 a vu ces soirées rehaussées par la présence du Dr  Kassoul Mohamed, Chef de département des langues étrangères au niveau de la Faculté des lettres – Université Hassiba Benbouali à Ouled Farès (Chlef) qui entama la soirée avec le thème combien controversé de l’éducation en Algérie. Il décrivit la situation de l’école algérienne, de la pédagogie et des méthodes utilisées dans se sens pour amener l’assistance à se poser certaines questions sur le devenir de l’école algérienne et sur les moyens à mettre en œuvre pour réhabiliter l’école et pouvoir ainsi donner à l’apprenant le goût d’aimer la lecture et par la même aimer l’école et non point la dénigrer.

Ce fut ensuite au tour du Dr Ait Djida Mohamed Amokrane de nous transporter dans le monde de la francophonie et ses tenants et aboutissants. Il n’omettra de faire remarquer à l’assistance les objectifs non point culturels mais plutôt politiques de la Francophonie (avec un grand F)

Dans  le souci de rapporter véritablement les propos de Mr Ait Djida Mohamed Amokrane, nous vous donnons ici, l’objet de sa communication en laissant le choix au lecteur de pouvoir déduire de lui-même les conséquences liées  phénomène du bilinguisme et de la francophonie en Algérie.

Suit le texte de la communication du Dr Ait Djida :

 

L’Algérie et la francophonie

 

En guise d’introduction

 

        Le statut de la langue française en Algérie demeure problématique. Il en est ainsi pour différentes raisons. D’abord, la réalité linguistique du pays est rarement prise en charge par les politiques lesquels font prévaloir des considérations idéologiques au détriment d’une vision plus réaliste des choses. Ensuite, le français reste omniprésent dans presque tous les espaces en dépit de l’entreprise d’arabisation d’un grand nombre de secteurs, entre autres, l’Ecole et quelques filières universitaires. Enfin, le nombre d’émigrés algériens vivant en France et la proximité géographique du pays font que cette langue ne pourrait être considérée comme étant totalement étrangère.

        Dans un excellent article consacré à la francophonie en Algérie, Safia RAHAL soulève un paradoxe de taille :

        « « S’il est vrai que l’Algérie est le seul pays du Maghreb à n’avoir pas rejoint la Francophonie institutionnelle pour des raisons que nous connaissons, il ne faut pas oublier pourtant que c’est le deuxième pays francophone dans le monde.

Il ne faut pas perdre de vue que cette langue a connu une extension remarquable dans les milieux d’intellectuels algériens. Elle a été une arme pour un bon nombre d’entre eux, entre autre, pour Kateb Yacine qui considérait que « c’est en français que nous proclamons notre appartenance à la communauté algérienne (...)». En outre, il est indéniable que la pénétration de la langue française en Algérie a été rapide car ainsi que le signale H. Walter « (…) Les musulmans n’ont fréquenté l’école française qu’à partir du début du XXe siècle. Néanmoins en ce qui concerne l’Algérie, on peut dire qu’à cette époque, et surtout à partir de 1930, le français avait déjà pénétré partout. Cela signifie que contrairement au reste de l’Afrique francophone, c’est surtout par des communications orales et non pas uniquement par l’école que le français a pris place dans la vie des habitants. ». Elle représentait ainsi un outil de travail et aussi un instrument de communication dans la vie de tous les jours, en l’occurrence, dans certaines grandes villes et dans certains milieux privilégiés d’un point de vue culturel et social. En fait, Nous pensons pouvoir dire, à la suite de D. Caubet que «  le français en tant que langue de l’ancien colonisateur a un statut très ambigu ; d’une part il attire le mépris officiel (il est officiellement considéré comme une langue étrangère au même titre que l’anglais, mais d’autre part, il est synonyme de réussite sociale et d’accès à la culture et au modernisme ». Sur le terrain effectivement, nous nous  apercevons que le monde des affaires qu’il soit économique ou financier privilégie encore et toujours l’usage du français. Nous  avons donc affaire dans ce cas à des relations qui se nouent grâce à la langue française. De plus cette langue est non seulement vue comme la possibilité d’une ascension sociale mais elle demeure également un instrument d’ouverture vers la connaissance et un instrument de communication largement employé. C’est ainsi qu’elle reste la langue des citadins cultivés, du monde de l’industrie et du commerce international. » »

Le français dans la réalité algérienne

        « Malgré l’indépendance et les actions d’arabisation qui s’en sont suivies, les positions du français n’ont pas été ébranlées, loin de là, son étude ayant même quantitativement progressé du fait de sa place dans l’actuel système éducatif algérien »

        En fait, nombreux sont les Algériens qui utilisent le français dans leur vie de tous les jours même s’ils n’en ont pas une très bonne maîtrise. L’explication de ce phénomène viendrait du fait que cette langue continue d’être considérée comme une langue de prestige et une langue permettant l’ascension sociale.

         Du côté institutionnel, force est de constater que malgré tous les efforts déployés pour mener à bien la politique d’arabisation, nombreux sont les secteurs qui continuent de fonctionner en français pour des raisons diverses : personnel non formé dans la langue nationale, résistance au changement, absence de logiciels arabisés etc. ... en un mot, les conditions d’une arabisation massive et d’une généralisation systématique telle que prévu par la loi de juillet 98 ne sont pas encore réunies.

        En outre, pour comprendre cette omniprésence du français dans les différents milieux sociaux, il faut s’attarder sur les représentations que se font les citoyens locuteurs de cette langue. Les différentes enquêtes menées à ce niveau ont toutes montré que la langue française représente une langue de prestige pour les unes, une langue de l’élite pour les autres et une langue d’ouverture pour la majorité des locuteurs. Sa présence dans les médias, à l’école et dans presque tous les secteurs d’activité ne devrait point nous étonner.

        Une question maintenant se pose : Pourquoi, en dépit de cette réalité flagrante, l’Algérie refuse d’adhérer à l’OIF ?

Pour répondre à cette question, nous allons d’abord définir brièvement ce que l’on entend par « francophonie »

Le terme de francophonie apparut pour la première fois en 1880. C’est le géographe français Onésime Reclus (1837-1916) qui l’a employé pour désigner les espaces géographiques où la langue française était parlée. Il s’agit de l'ouvrage France, Algérie et colonies. On entend aujourd’hui par francophonie (avec une minuscule initiale) l’ensemble des PEUPLES ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications. Le terme Francophonie (avec une capitale initiale) désigne plutôt l’ensemble des GOUVERNEMENTS, pays ou instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. Donc, on parle de deux réalités différentes selon qu’on écrit francophonie (peuples ou locuteurs) ou Francophonie (gouvernements ou pays). Dans ce dernier cas, la Francophonie est associée à l'Organisation internationale de la Francophonie.

Rappelons que le terme de «francophonie» provient bien évidemment du mot «français», une langue romane appartenant à la famille indo-européenne.

Qu’en est-il maintenant de l’OIF ?

Dans la charte de l’OIF, les objectifs que se fixe cette organisation sont définis comme suit :

Préambule

La Francophonie doit tenir compte des mutations historiques et des grandes évolutions politiques, économiques, technologiques et culturelles qui marquent le XXIe siècle pour affirmer sa présence et son utilité dans un monde respectueux de la diversité culturelle et linguistique, dans lequel la langue française et les valeurs universelles se développent et contribuent à une action multilatérale originale et à la formation d’une communauté internationale solidaire.

La langue française constitue aujourd’hui un précieux héritage commun qui fonde le socle de la Francophonie, ensemble pluriel et divers. Elle est aussi un moyen d’accès à la modernité, un outil de communication, de réflexion et de création qui favorise l’échange d’expériences.

Cette histoire, grâce à laquelle le monde qui partage la langue française existe et se développe, est portée par la vision des chefs d’État et de gouvernement et par les nombreux militants de la cause francophone et les multiples organisations privées et publiques qui, depuis longtemps, œuvrent pour le rayonnement de la langue française, le dialogue des cultures et la culture du dialogue.

Elle a aussi été portée par l’Agence de coopération culturelle et technique, seule organisation intergouvernementale de la Francophonie issue de la Convention de Niamey en 1970, devenue l’Agence de la Francophonie après la révision de sa charte à Hanoi, en 1997.

Afin de donner à la Francophonie sa pleine dimension politique, les chefs d’État et de gouvernement, comme ils en avaient décidé à Cotonou en 1995, ont élu un Secrétaire général, clé de voûte du système institutionnel francophone, de même que la Conférence ministérielle, en 1998 à Bucarest, a pris acte de la décision du Conseil permanent d’adopter l’appellation « Organisation internationale de la Francophonie ».

À Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe Sommet, les chefs d’État et de gouvernement ont approuvé les nouvelles missions stratégiques de la Francophonie et ont pris la décision de parachever la réforme institutionnelle afin de mieux fonder la personnalité juridique de l’Organisation internationale de la Francophonie et de préciser le cadre d’exercice des attributions du Secrétaire général.

Tel est l’objet de la présente Charte, qui donne à l’ACCT devenue Agence de la Francophonie, l’appellation d’Organisation internationale de la Francophonie.

Titre I : Des objectifs

Article 1 : Objectifs

La Francophonie, consciente des liens que crée entre ses membres le partage de la langue française et des valeurs universelles, et souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable, a pour objectifs d’aider : à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ; à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle ; au renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies ; à la promotion de l’éducation et de la formation. Le Sommet peut assigner d’autres objectifs à la Francophonie.

La Francophonie respecte la souveraineté des États, leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure.

Les institutions de la présente Charte concourent, pour ce qui les concerne, à la réalisation de ces objectifs et au respect de ces principes. »

L’usage de la langue française par les écrivains algériens

        Les écrivains algériens d’expression française expliquent chacun le recours à cette langue en mettant l’accent tantôt l’aspect utilitaire, tantôt le contexte historique de l’émergence de cette littérature.

Ainsi Kateb Yacine croit que : « Le français est un butin de guerre. La résistance l’a dérobé au colonisateur puis l’a retourné contre lui ». Et d’ajouter : « J’écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français »

Toutefois, Kateb a fini par éprouver ce besoin de revenir à sa langue maternelle, le trésor aliénée selon ses propres dires : Jamais je n’ai cessé, même aux jours de succès près de l’institutrice de ressentir au fond de moi cette seconde rupture du lien ombilical, cet exil intérieur qui ne rapprochait plus l’écolier de sa mère que pour les arracher, chaque fois un peu plus, au murmure du sang, aux frémissements réprobateurs d’une langue bannie, secrètement, d’un même accord, aussitôt brisé que conclu… Ainsi avais-je perdu tout à la fois ma mère et son langage, les seuls trésors inaliénables ― et pourtant aliénés! »

Assia Djebbar affirme de son côté : « Le français m’est langue marâtre. Quelle est ma langue mère disparue, qui m’a abandonnée sur le trottoir et s’est enfuie ? » (AF. p. 240  Assia Djebbar)

Contrairement à cette première génération d’écrivains tourmentés par les regrets d’avoir opté pour la langue du colonisateur, pour les auteurs post indépendance, le choix était souvent d’ordre utilitaire. Ainsi pour Boudjedra, il s’agissait de fois la censure et de toucher un public aussi large que possible.

Le choix parfois est accidentel comme c’est le cas pour Yasmina Khadra : « Je n'ai pas choisi. Je voulais écrire. En russe, en chinois, en arabe. Mais écrire ! Au départ, j'écrivais en arabe. Mon prof d'arabe m'a bafoué, alors que mon prof de français m'a encouragé."

Amin Zaoui, quant à lui, débarrassé du complexe de ses aînés, considère la langue française comme sa nouvelle colonie.

                       Mohand Amokrane AIT DJIDA

              Conférence donnée à la bibliothèque de wilaya

              le 04/08/2012 correspondant au 16 Ramadhan 1433

 

Les débats qui ont suivi  ces deux communications ont été très fructueux de par les questions soulevées par l’assistance auxquelles les deux conférenciers ont répondu avec justesse pour amener toute l’assistance à participer au début qui fut, par moments, un peu houleux, sans pour cela dépasser la norme de la bienséance. Notons la participation de Mr Mohamed Dahmani, professeur d’histoire à l’université Hassiba Benbouali à Ouled Farès (Chlef) de même que l’intervention de Mr Abbaci M’hamed, économiste et écrivain de plusieurs recueils économiques sur les entreprises  de petite et moyenne importance. N’oublions pas aussi l’intervention du Dr Ali Medjdoub dans son questionnement sur l’école algérienne. Au nom de toute l’assistance, Mr Mokhtari Mansour, poète à tenu à remercier les conférenciers pour leurs communications et leur aptitude à présenter les problèmes relatifs à notre école.

 

Il est à noter que le café littéraire de Chlef draine de plus en plus d’adeptes de par la qualité des communications et conférences qui y sont données. C’est une aire culturelle des plus bénéfiques pour la population et pour la pérennité de la culture dans la wilaya de Chlef en particulier et dans le pays tout entier en général.

Monsieur Boudia Mohamed, écrivain, qui dirige ce café littéraire depuis plus de quatre années consécutives sans discontinuer avec un programme très éloquent à chaque reprise, remercie tous ceux parmi les auditeurs attitrés de cette aire culturelle sans oublier de porter un regard confiant vers l’avenir de la culture dans cette enceinte et tient par la même à remercier la Direction de la culture et à sa tête Mr Amar Berrebiha, pour son concours à la pleine réalisation de cette enceinte  ou agora culturelle qui prône la nécessité en ces temps de mercantilisme et de matérialisme absolus. Il tient à remercier tous les agents de la bibliothèque de Wilaya pour leur concours et leur abnégation dans le service et à leur tête Mr Lahcène Ahmed (Driss), responsable du fonctionnement de la bibliothèque et le prie de trouver ici, toute la gratitude pour son dévouement au service de la culture lui et tous ceux qui travaillent avec lui dans cette enceinte culturelle.

 

                                                Mohamed Boudia

 

 

 

 

 



14/08/2012
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